vendredi 7 mars 2008

L'art du bluff


Quel est le point commun entre un joueur qui ne bluffe jamais et un joueur qui bluffe toujours? Les deux éprouveront toutes les peines du monde à remporter un tournoi. Question de timing, de dosage et de sang froid, le bluff est une arme qui peut s'avérer fatale pour le bluffé comme pour le bluffeur. Explications.

« Les menteurs ne gagnent qu'une chose, c'est de ne pas être crus, même lorsqu'ils disent la vérité ». A croire qu'Esope jouait déjà au poker au VIIème siècle avant J-C... tant son analyse du bluff et de ses effets était juste. S'il s'agit d'une des techniques les plus difficiles à maîtriser, le bluff est peut-être le premier terme évoqué par un novice lorsqu'il débute dans le poker. Ce n'est pourtant qu'après de nombreuses parties que l'on commence à savourer cet art et à l'utiliser à bon escient. Le bluff est une technique destinée à induire l'adversaire en erreur, l'amener à se coucher alors qu'il possède une meilleure main. On distingue deux types de bluff. Le bluff total qui consiste à tromper l'adversaire avec une main très faible, ne donnant aucune chance de remporter le coup. Et le semi-bluff qui consiste à jouer avec une main sans valeur, mais avec un potentiel d'amélioration par la suite.

La recette du bluff

Vu comme ça, bluffer peut paraître simple. Mais de nombreux facteurs entrent en jeu comme le timing par exemple. Le bluff est une arme qu’il ne faut pas utiliser à l’emporte-pièce. Plus vous la dévoilez, plus elle perd de sa valeur. Elle doit donc être utilisée avec parcimonie et uniquement pour remporter des pots qui en valent la peine. Mesurer le risque est vital à une table de poker. Un joueur ne doit pas non plus tenter le diable face aux mêmes joueurs. Comme dirait l’autre : « on peut tromper une fois mille personnes, mais on ne peut pas tromper mille fois une personne… ». Le dosage dans les relances, est également une composante importante. Si un joueur se trouve en total bluff et qu’il ne relance pas suffisamment fort, il aura toutes les chances de se voir suivre par un autre joueur et donc de perdre le pot.

N’oublions pas non plus la position à la table qui est un facteur déterminant. Si un joueur est le dernier à parler en phase pré-flop, et que peu de joueurs se sont alignés, celui-ci aura une position idéale pour voler les blinds. Technique quasi-indispensable pour aller le plus loin dans un tournoi. Pour cela, une grosse relance dissuasive est nécessaire. Il est déconseillé de bluffer si plus de deux joueurs se trouvent derrière vous. Ne tentez pas non plus votre chance face à des joueurs qui payent tout et n’importe quoi. Bien sûr, tout est relatif, chaque contexte est différent. Ce qui fait la beauté et la complexité de ce jeu.

Actor’s Studio

En apparence aussi le bluff est difficile à maîtriser. Quand un joueur se trouve en bluff total, ses émotions peuvent le trahir. Un talent d’acteur est donc fortement recommandé. La principale difficulté est donc de rendre invisible le bluff. Ayant toujours un œil rivé sur vous, les adversaires tentent de déceler le moindre indice, la moindre information, que ce soit dans l’attitude ou dans la façon de jouer. D’où l’importance de toujours se comporter comme un joueur qui possède de bonnes cartes voire le meilleur jeu. Attention également à l’incitation au bluff. Certains de vos adversaires feront tout pour vous inciter à bluffer. Et comme le disait Maurice Chapelan « feindre de croire un mensonge est un mensonge exquis ». Au poker, c’est un régal...