lundi 3 mars 2008

Espace détente


Rester calme en toutes circonstances est difficile autour d'une table de poker. Pourtant chaque joueur s'efforce de trouver un remède efficace. Massage, walkman ou gri-gri personnel, tous les moyens sont bons pour se sentir comme chez soi, pour au final, avoir le trac comme tout le monde.

Woody Allen a dit un jour : « tant que l'homme sera mortel, il ne sera jamais décontracté ». Cette citation prend tout son sens à une table de poker : « tant que le joueur aura à perdre, il ne sera jamais décontracté ». Professionnels ou simples amateurs, les joueurs ont tous un jour ou l'autre, cédé sous la pression. Que ce soit dans un tournoi, une partie ou sur un simple coup, le poker véhicule des émotions intenses que l'homme ne peut toujours maîtriser. Et même si certains peuvent se vanter d'avoir la « poker face », cela ne les empêche de bouillonner de l'intérieur. Voilà pourquoi lors des Super Satellites du Partouche Poker Tour, de nombreux joueurs étaient venus avec leurs porte-bonheur, d'autres avec les conseils avisés des plus grandes stars du poker via internet, magazines ou DVDs. Il n'était donc pas rare de croiser les clones de vedettes comme Phil Laak par exemple. Tous les moyens étaient bons pour tenter de se détendre et faire abstraction de tout ce qui pouvait nuire à la concentration. Mais l'enjeu était tellement colossal...que c'était peine perdue.

« En étant énervé, ça ne se termine jamais bien » Remy Biechel

A vrai dire, quelques uns d’entre eux donnaient l’impression d’être décontractés. C’était le cas par exemple du flegmatique François Tardieu, habitué aux grandes compétitions internationales de backgammon, du souriant Eddy Glaude, finaliste à Divonne-les-Bains, ou encore du très serein Remy Biechel, grand vainqueur du Super Satellite de Saint-Amand. Selon ce dernier, le plaisir de jouer demeure son seul remède pour évacuer la pression. Ça et son walkman : « Je suis détendu tout simplement parce que je prends du plaisir à jouer. Ce n’est pas évident mais quand on participe à un tournoi en étant énervé, ça ne se termine jamais bien. Alors on fait en sorte de se détendre. Pour ça, j’ai mon walkman qui sert à m’isoler lorsque je ne suis pas très bien ou à ne pas entendre les railleries de certains joueurs. Les mécontents ou les « trop chambreurs ». J’augmente le volume et ça me calme illico. C’est ce que j’avais fait l’année dernière à Cannes (ndlr : où il était arrivé 4ème). J’avais mis mon walkman et somnolé pendant 20 minutes à une table. Le plus drôle, c’est que j’arrivais quand même à percevoir ce qui se passait autour de moi. Puis si ça ne va vraiment pas, je sors de table pour aller me reposer. Tout simplement ».

« Tilter* nuit gravement à la santé »

Si Remy prend de telles précautions, c’est parce qu’il sait que rester calme en plein tournoi est un facteur de réussite important. Et ce, même si 12 heures d’intense compétition peuvent paraître longues. Mais plus on se hâte et moins on avance : « J’en ai déjà vu qui craquaient lorsqu’ils prenaient un ou deux bad beats. Tu les voyais ensuite sur tous les coups puis ils s’éliminaient tout seul en suivant des pots impayables. Ils pétaient littéralement un câble ! ». Démonstration parfaite de ce qu’il ne faut pas faire. Pour éviter cela, à Divonne, certains joueurs proches de la rupture avaient demandé aux masseuses, mises à leurs dispositions par le PPT, de les soulager. Quand on vous dit que le poker est bien le sport assis le plus violent du monde... Voilà pourquoi une zen attitude est préconisée pour venir à bout d’une table. On entend rarement les meilleurs se lamenter sur un coup, mise à part quelques exceptions comme le Lithuanien Tony G et autres sanguins. Mais comme le dit si bien le proverbe : « quand un arbre tombe, on l'entend, quand la forêt pousse, pas un bruit ». Les champions l’ont compris…

* craquer.